TRADITIONS LE RETOUR

LES FRESQUES de la CHAPELLE NOTRE-DAME-DE-BON-COUER de LUCERAM

Cette chapelle est un document, qui nous est parvenu du passé pratiquement intact. Si l'on fait abstraction de la grille qui ferme l'entrée pour protéger les fresques, tout est pratiquement authentique, à quelques détails près...

Peut être faudrait-il l'imaginer ses murs extérieurs peints en rouge brique ?
Il est fort probable qu'elle ait été ainsi colorée à l'origine. Le rouge brique, (avec le vert clair) est la couleur royale, le roi de Piémont-Sardaigne bien sur.

Ces chapelles situées au croisements des grands « axes  muletiers » à défaut à l'époque d'axes routiers, étaient aussi utilisées de moyen d'affirmer le patriotisme de ses constructeurs. Sur la scène coté droit en entrant, on voit une chapelle de montagne, ressemblant à la nôtre, et elle arbore fièrement son rouge brique. Par sa forme, elle manifeste sa vocation d'accueil, elle a devant elle son péristyle, ouvert par des voûtes sur trois cotés, le quatrième étant la chapelle.

Au bas des cotés ouverts, un muret bas permet de s'asseoir dessus, ou de se protéger du vent, de la chaleur, de la pluie... Il est très probable que la ruine un peu plus vers le col était une auberge ou un relais. Même s'il n'a pas de quoi se payer l'auberge, le voyageur peut s'abriter ici sous l'auvent de la chapelle. Elle a gardé son nom de « Bon cœur »!

Je regrette que l'on ait imposé la présence d'une statue moderne de la Vierge, dans une niche qui a été creusée dans le mur du chevet, en détruisant une bonne partie des fresques.

Cette Vierge à l'enfant nous montre un cœur, nous comprenons facilement qu'elle nous parle de l'amour de Dieu, de son amour pour son fils et pour nous...

Mais cette symbolique est moderne, ou du moins elle ne date que de quelques siècles... le cœur au 15ème siècle signifiait le courage, l'ardeur. Une notion liée au travail et non à l'affectif. On retrouve ce sens dans les expressions: « avoir du cœur au ventre » « mettre du coeur à l'ouvrage » ou même encore: « Rodrigue, as-tu du coeur ? »

La clef de cette méditation offerte par les fresques de la chapelle est dans les peintures de l'entrée. Il y a d'un coté un Christ en croix, premier signe de la foi Chrétienne, et un homme qui prie à son coté. Une écriture nous dit: « Si le coeur ne prie pas, c'est en vain que la langue travaille »

La chapelle entière est un cours de catéchèse, de théologie populaire par l'image, dont le sujet est le courage, l'ardeur, la vérité dans notre ouvrage, que ce soit la prière, ou tout simplement notre travail. De l'autre coté, on voit encore un Christ outragé, comme le jour de son supplice, mais ce sont les outils de notre travail qui le blessent.(Admirez la collection des outils ruraux de l'époque) Si on ne met pas de coeur dans nos travaux, on travaille mal , on blesse le Seigneur, on en reste au supplice infligé à Jésus, sans parvenir à la Résurrection. L'autel en stuc est plus récent que la chapelle, il date d'après le concile de Trente, je pense que la pierre au sol qui sert maintenant de marche est la pierre de l'autel d'origine...


Au dessus de l'autel on trouve saint Antoine, moine du désert,saint Michel, .........

Sur toute la voûte du chœur, des scènes de la vie de Jésus et de la Vierge, nous parlent de l'histoire du salut en Jésus Christ, en insistant sur les rencontres.

Il est à noter que les personnages importants sont bien sur habillées en rouge brique et vert clair, les couleurs royales, ils sont habillées comme les gens important de l'époque de la construction de la chapelle.

Le Christ aux outrages qui est au sommet du chevet, est entouré des instruments de sa passion. Il est très probable que le voile bleu derrière lui est une représentation du suaire, qui appartenait à la famille royale, ce qui explique qu'il soit encore aujourd'hui appelé « linceul de Turin » Il est souvent évoqué dans les peintures de cette région.


La grille protège heureusement les peinture des « tags ». Mais les graffitis ont toujours existé. La chapelle en est couverte. Les observateurs pourront trouver un multitude de bateaux, parfois bien représentés, en gravant dans le plâtre. Ce sont des ex-voto; des vœux faits par des marins du temps passé, ils venaient ici, à l'intérieur des terres offrir leurs prières et leurs actions de grâce.

André-Jacques ASTRE

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